À propos de moi

Petit fils de puisatier, et passionné de sourcellerie, depuis mon plus jeune âge.

Celà a commencé comme ça...

La transmission des réflexes fut naturelle, sous forme de jeux, une paire de baguettes en noisetier en forme Y, fraîchement coupées en mains, "juste pour voir si un jour, tu pourrais devenir un bon sourcier" (comme il me disait).

A chaque fois, sous le regard bien veillant et amusé de mon grand père, qui se riait de me voir exécuter la recherche d'une potentielle veine d'eau, sans grands succès. J'avais 6 ans.

 

 Aujourd'hui avant d'entreprendre une recherche sur plan ou sur le terrain, qu'elle soit sourcière ou géo bio, je ne peux m'empêcher de penser à mon grand père. Cet homme marqué aux fers rouges par la seconde guerre mondiale. Résistant, luttant comme beaucoup, pour sortir son pays de l'occupation Allemande, il fut déporté dans un camps de la mort et libéré par les soldats Américains de Dachau, le 29/04/1945.

Depuis le jour de la grande délivrance, il se jure de ne pas se morfondre sur les petits tourments de la vie.

Son retour  en France a débuté avec une hospitalisation afin de traiter ses problèmes de santé (typhus). Adroit de ses mains, et n'acceptant plus aucune autorité, il décide de se lancer pour son propre compte, dans le forage de puits Comme son grand père avant lui, il équipa ses clients d'éoliennes permettant de puiser l'eau à grande profondeur, ceci dans un premier temps pour le monde paysans en plain milieu des pâturages, l'eau ainsi puisée permis aux bovins de boire à volonté, loin des habitations.

Sur son vélo, avec l'aide de ses baguettes, de sa montre à gousset qui ne quittait jamais sa poche et de ses outils, il parcourait les campagnes en promettant de trouver l'eau, en donnant la profondeur, le débit en toutes circonstances, et de forer le puits sous peine, en cas d' échecs, de prendre l'ensemble des frais à sa charge. La tâche était rude et longue. Pic, barre à mine, pioche, pelle curette et parfois même bâton de dynamite, lui permettaient de forer le sol graniteux de l' Auxois. Le montage d'une chèvre artisanale, une corde, une poulie et une sceau lui permettait d'extraire les gravas en profondeur. La construction des parois du puits se faisait en même temps que la descente vers des profondeurs de plus d'une dizaine de mètres. Son casque de mineur équipé d'une bougie lui signalait en temps réel, la présence de Radon, de Méthane ou tout autre gaz naturel pouvant nuire à sa santé. Un risque bien connu des personnels travaillant dans les mines. La rage au cœur, il fora plus de 300 ouvrages en Auxois.

Très vite, le puisatier, s'équipe de son premier véhicule utilitaire, d' outils, se forme auprès d'organismes,  puis deviens un pionnier de la plomberie et du chauffage central. Au fil des années, il installa l'eau courante dans les chaumières.

Toujours heureux de vivre et travailler en pleine nature, remerciant dame nature de lui avoir permis d'accomplir sa mission sans dangers.

  A la tête de sa petite entreprise familiale, il se refuse de parler de l' époque 1945, faite de malheurs et de souffrances. Celle-ci même qui n'a de cesse de lui rappeler qu'il fut un des rares survivant, revenu des enfers. 

 

A 98 ans, il pense à ceux qui, si nombreux, n'ont pas eu cette chance. Celle de survivre à l'horreur. Ceux-ci même à qui , il rêve malgré lui, le plus claire de ses nuits depuis, encore et encore, se réveillant tremblant, en larmes, le cœur haletant de peur et rempli de haine et de chagrin.

 

 

La vie est si fragile.

                        

A ses côtés, et durant mon enfance, j' appris à avoir force et courage, à vivre chaque instant comme si c'était le dernier.

Je m'émerveille de tout, je suis curieux et n'est de cesse d'apprendre à vivre avec les forces qui m'entourent, quelles soient naturelles ou surnaturelles, réelles ou irréelles, bien que cela face rire ou sourire les personnes qui m'entourent.

J'assume ce que je suis et suis fière de ce que je deviens, tant que cela ne nuit pas à ma famille, qui est la source de mes motivations, ma petite famille que j'aime plus que tout.

 

Il décède en juillet 2020, à l'aube de ses 99 ans,enfin libéré de tous ses tourments . Adieu PAPY !